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R&T 79 : « Faisons reconnaitre le savoir-faire des éleveurs en matière de santé animale »
Dans le Tarn et Garonne, Hannah Grauleau élève des volailles en plein air. La jeune avicultrice plaide pour une meilleure reconnaissance du savoir-faire des éleveurs plutôt qu’une surenchère administrative.
Depuis janvier 2021, Hannah Grauleau est agricultrice. Sur la ferme du Maraudeur, à Saint Antonin Noble Val (82), la jeune femme élève et transforme des volailles. Elle représente la 4e génération à gérer toute la chaîne de production, depuis les poussins arrivés à 1 jour jusqu’aux produits finis.
« Le sanitaire a toujours fait partie de notre quotidien d’éleveur, partage la jeune femme. Nettoyer ses bottes entre deux sites, aller voir les animaux des plus jeunes aux plus âgés, éviter que les volailles soient en contact avec ce qui peut véhiculer des pathogènes, comme des camions de livraison, ça a toujours fait partie des précautions de base ».
Pour la santé de ses volailles, Hannah Grauleau voit plus d’avantages que d’inconvénients à l’élevage en plein air.
« On travaille avec de petits lots, des animaux plus rustiques ».
La santé, une préoccupation du quotidien
Dans les filières d’élevage, on peut avoir l’impression que les épizooties sont de plus en plus fréquentes. La jeune éleveuse estime que des menaces de maladies ont toujours existé, que la prévention et la protection sanitaire ont toujours fait partie des pratiques des éleveurs.
« La menace sanitaire est peut-être un peu plus forte maintenant, avec les hivers doux et humides, plus propices aux bactéries et aux virus, concède Hannah Grauleau. Les méthodes d’analyses plus poussées, les protocoles de détection obligatoires font aussi qu’on trouve plus de choses ».
Si pour certains pathogènes, comme les salmonelles, principales responsables de toxi-infections alimentaires collectives, Hannah Grauleau trouve que c’est une bonne chose, elle déplore néanmoins l’augmentation des exigences, parfois incohérentes avec la taille des ateliers, ainsi que leur disparité entre les produits français et ceux importés.
Face aux risques sanitaires, les attentes des consommateurs ont aussi changé.
« Ils sont ultra-exigeants sur la qualité des produits, ultra-réactifs en cas d’épisodes sanitaires, alors qu’eux-mêmes ne respectent pas un minimum de précautions, remarque Hannah Grauleau. Ils ont souvent perdu de vue qu’ils ont un rôle à jouer dans la sûreté des produits. S’ils ne respectent pas la chaîne du froid, s’ils ne cuisent pas de façon adaptée, ils augmentent le risque de problème, quelles que soient les précautions prises par les producteurs pour leur fournir un produit sain ».
Attention à l’excès de réglementation
Face à la montée à la fois des standards sanitaires mais aussi des risques, la réglementation se renforce. Par exemple, face à l’ampleur des derniers épisodes de grippe aviaire, de nombreuses mesures sanitaires ont été instaurées.
« Il y a eu des abattages préventifs, des contrôles toujours plus poussés, la claustration des volailles, énumère Hannah Grauleau. Puis les périodes pendant lesquelles elles ne pouvaient sortir que sur un parcours réduit, protégé par des filets. Alors même qu’il n’y a eu aucun foyer dans un élevage en plein air. À trop mettre d’exigences sanitaires sur les produits français, on risque de perdre certaines catégories de produits, certains savoir-faire, et notre souveraineté alimentaire face à des pays où il y a moins de contraintes ».
La jeune éleveuse plaide pour que les autorités sanitaires fassent plus confiance aux éleveurs.
« Qui mieux que nous connait ce qui est bon pour nos animaux ? Nous avons tout intérêt à ce qu’ils soient en meilleure santé possible ». Hannah Grauleau plaide pour une meilleure reconnaissance des pratiques mais aussi plus de travail en filière pour raisonner le sanitaire de façon collective entre tous les maillons.

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